lundi 7 décembre 2015

L'échec : un ami, un allié, un camarade fidèle qui vous veut du bien.

Au fond, qu'est-ce que l'échec ..?

On définit l'échec comme "le résultat négatif d'une tentative, d'une entreprise, un manque de réussite ; défaite, insuccès, revers, (on dit) : subir un échec" (Larousse). On voit à travers cette définition une dimension négative à ce sujet, qui incite au rejet, au refus de l'échec, voire  le cas échéant, à sa négation. L'échec. Défaite humiliante subie sur le théâtre d'opération existentiel. Brrr... ça fait froid dans le dos.

Dans ma vision du monde, j'ai défini l'échec différemment afin de démystifier ce phénomène. A mon sens l'échec est autre chose. Je pense que ce que l'on nomme "l'échec", correspond en fait aux conséquences de l'échec
Je m'explique. 

L'échec c'est avant tout une mauvaise décision qui produit à terme des résultats négatifs et de l'insuccès. On pourrait dire que l'échec est une mauvaise décision qui, ensuite, produit un insuccès. L'échec et l'insuccès   : deux phénomènes alors clairement distincts. 
En effet, l'échec est un processus évolutif s'enracinant dans une mauvaise décision qui se développe jusqu'à produire des conséquences ultérieures perçues comme négatives. Telle est la définition que j'ai retenu du concept "d'échec". De l'origine du processus à son aboutissement, c'est avant tout une stratégie inadaptée qui finit par produire des effets indésirés. 
Or, trop souvent, l'on ne définit l'échec que par ses conséquences ! Ainsi, on oublie que le point focal, ce sont ses causes, qu'il faut relever posément et sans se faire violence -oui oui ;) !  Il n'y a rien de grave à réaliser des échecs. L'insuccès qui en découle est surtout une opportunité qui nous permet de progresser. Elle nous permet de savoir s'il faut redéfinir notre stratégie, nos schémas de pensées, des manières de faire, etc. qui nous éloignent de vos objectifs. 

L'échec est donc un précieux allié, car il vous alerte sur le fait que vous produisez des décisions inappropriées. C'est l'indicateur vital qui vous invite à changer de voie. Cela ne vous remet nullement en cause en tant qu'individu, mais remet en cause votre manière d'agir et les stratégies que vous mettez en place. Vous n'avez même pas besoin de vous juger, c'est votre stratégie qu'il faut revoir. Plutôt agréable non ? Pourtant, beaucoup d'entre nous ont appris que l'échec : c'est eux ; que leurs résultats : c'est eux, eux, eux, et qu'ils ont bien raison de culpabiliser ! Alors qu'au fond, l'échec n'est que le résultat d'une action inappropriée, comme l'eau qui boue est le résultat d'une source de chaleur importante qui l'amène à dépasser les cent degrés.
Comprenez moi et lisez cela attentivement : quand vous vous fustigez d'un échec, que vous vous dites que vous êtes nul ou que vous auriez dû savoir (malgré toute votre bonne volonté dans votre préparation), vous pratiquer de la superstition. Pourquoi ? Car tout comme les hommes des cavernes disaient que le feu est agressif et c'est pour cela que l'arbre brûle, vous-vous dites à vous mêmes que vous êtes nulle ou que vous auriez dû mieux faire car c'est ainsi qu'agit une personne qui dispose d'un bon potentiel. Sans analyser le phénomène qu'il y a derrière, sans vous demandez pour quelles raisons votre stratégie fut inappropriée. Le feu est méchant, et vous auriez dû mieux faire car c'est la nature qui le veut. Vous voyez ? Permettez-moi donc de vous le dire, c'est votre stratégie qu'il faut revoir : vous pouvez vous laissez tranquille ;).

C'est pourquoi je trouve la définition du Larousse inappropriée : nos amis de l'Académie française ont produit eux-mêmes un échec en définissant l'échec (comble du comble). Lisons ensemble : “Défaite, insuccès, revers, (on dit) : subir un échec”, quelle violence ! La rue Ulm a vraiment dû leur rester au travers de la gorge. Cette définition est censée nous aider à mieux comprendre et donc, bien vivre l'échec ? Hmm, je suis perplexe.... C'est pourquoi j'ai produit ma propre définition : “une décision inappropriée produisant à terme des résultats négatifs ou indésirés”. Je trouve qu'on est déjà plus calme, plus zen, plus accueillant. Venez, il n'y a aucune mine planquée sous le tatami ;). 
Et c'est tout. Ni vous, ni le monde, ni l'univers ne sont à remettre en question, juste une décision inappropriée. Et depuis que je définis l'échec ainsi, je recherche la décision, la petite habitude, la petite façon de pensée inappropriée au lieu de m'en prendre à moi où à l'univers. Et ça marche, je suis beaucoup plus zen !
Je suis non seulement relax avec l'idée de l'insuccès car je sais que je ne peux pas tout savoir et donc que la possibilité que je finisse par faire un choix inappropriée tôt ou tard est quasiment de 1, mais aussi, je sais que les fruits de mes mauvaises décisions sont une potentielle source de progression, et même d'importantes progressions. Et depuis, je fonce sans avoir peur, je suis prêt à accepter de ne pas tout savoir. Et ceux qui vous demandent de toujours être approprié, et toujours choisir la bonne stratégie, le parcours sans faute, dites-vous que, c'est peut-être leur perception des choses qui est inappropriée ! Avoir toujours raison, faire toujours des sans fautes : en fait, tout savoir, quelle pression ! Pour déployer notre plein potentiel, il faut accepter nos limites : nous ne savons pas tout, et nous sommes par nature des être imparfaits. La nature n'a produit aucun être parfait sur cette terre, et dans l'univers en général, donc laissez tomber, c'est hors de portée ! C'est tout simplement hors de portée d'un humain. En revanche, faire de son mieux, sereinement, et tout faire pour atteindre son plein potentiel maximal est à portée de n'importe qui, notamment si l'on accepte d'échouer, si l'on accepte la possibilité de prendre des décisions inappropriée -à notre insu s'il le faut. Si vous acceptez l'idée d'échouer, vous progresserez constamment vers vos objectifs, même (surtout ?) lorsque vous rencontrerez l'insuccès ;) ! Et oui, si vous l'accueillez avec bienveillance, l'échec devient lui même bienveillant.

Si vous comprenez cela, vous comprendrez que l’insuccès est l'un de vos alliés les plus précieux dans votre existence. Il vous fournit de précieuses informations sur la pertinence de vos stratégies. L'échec, c'est l'agent de renseignement qui vous indique que vous venez de faire péter une bombe au mauvaise endroit. Cela vous alerte, on réalise qu'un truc cloche ; on se dit qu'on pensait avoir toutes les informations, mais en fait non. Donc on cherche, et on comprend que la cible n'était pas si loin, mais qu'il faut revoir son plan d'action. Parfois on peut même réparer les murs abîmés, etc. D'autres fois, il n'y a plus rien à sauver, il faut faire son deuil, et éventuellement changer sa façon d'agir. 

Comprenez autre chose : ceux qui aujourd'hui se trompent rarement sont ceux qui se sont beaucoup trompés dans le passé (ou ont bénéficié de l'expérience d'autres personnes qui s'étaient trompées avant eux !). L'échec les a directement ou indirectement formé, et permettra à ceux qui les suivront d'aller beaucoup plus vite, plus loin. 
Quant au jugement de valeur que vous pouvez produire sur vous mêmes à l'occasion d'un échec, ça, c'est juste votre propre opinion et elle n'engage que vous : deux entités différentes. D'ailleurs ajouter à une stratégie inappropriée un jugement dénigrant sur vous-mêmes, c'est comme ajouter de l'échec à l'échec. Vous rendez votre stratégie encore plus inappropriée.
Acceptez que dans la vie, parfois on se trompe. C'est comme ça ;) ! D'autres fois l'on est totalement certain que l'on a tout compris, que l'on tient fermement le cap et puis un beau jour, on réalise que depuis le début l'on n'avait absolument rien saisi car il nous manquait quelques informations essentielles, voire, une seule et unique petite information qui change la donne. Tout à coup, toutes les décisions que prises depuis "l'instant T” deviennent autant d'échecs passés, autant de décisions désormais perçues comme inappropriées. Alors, si vous en auriez eu le pouvoir, peut-être auriez vous intégralement revu cette partie de votre existence. Mais vous êtes cloué dans le présent. Heureusement, vous avez compris que l'échec est normal et qu'il faut accueillir l'insuccès comme une mine d'or informationnelle. Vous accueillez ces nouvelles avec bienveillance, vous adaptez votre stratégie, et vous foncez loin devant. Et au fond, c'est normal. Est-ce que l'on rumine dix fois un article de journal avant de prendre acte des informations qui s'y trouvent ? Non, eh bien vous faites exactement la même chose avec vos échecs : vous recueillez l'information, vous adaptez votre stratégie, et vous repartez de l'avant. 

Si vous comprenez cela, vous comprenez donc qu'il est inutile d'avoir peur de l'échec, car à chaque instant de notre vie, il est possible qu'une décision inappropriée soit prise, et produise ensuite des résultats négatifs ou indésirés - sans que l'on n'ait forcément conscience de ce qui est en train d'arriver. La vie est  un mystère, il faut la vivre au lieu de vouloir la résoudre disait le sage. Et il avait raison. J'ajouterai que la vie est mystère, et qu'il faut vivre nos échecs au lieu de vouloir les résoudre. Puisque l'incertitude fait partie de la vie, l'échec en fait aussi partie, nécessairement.

L'important, c'est le rebondissement et la prise en compte de l'information produite. L'important, c'est l'adaptation de votre stratégie. Si vous avez cela bien en tête, les fruits de l'échec vous permettront de maximiser vos possibilités de succès. Accueilli avec bienveillance, l'échec devient bienveillant.

Acceptez donc d'échouer : c'est normal. L'important étant d'en retirer les leçons possibles pour évoluer et ainsi de suite. C'est pour cela qu'on dit, la première fois, c'est une erreur, la seconde, une faute. En fait, l'idée est : tant que tu ne réalises pas que ta stratégie est inappropriée tu es dans l'erreur, et le jour où tu en prends conscience mais te montre borné, tu mets volontairement en péril l'atteinte de tes objectifs -analysé alors comme un manque de responsabilité. 

Et puis je vais vous dire, tous les Dieux de ce monde ont aussi échoué : ils se sont dit bienveillant et ont créé une nature basée sur la prédation. Ils ignoraient peut être, du haut de leur omniscience, qu'une partie de l'humanité aurait aimé voté pour faire entendre son opinion démocratiquement. Peut être aussi qu'ils se fichent divinement de l'avis des humains et qu'au moment où j'écris ces lignes, ils sont dans un bain d'étoiles, sirotent un alcool de supernova et estiment être à la tête d'un succès total en admirant leurs doigts de pied. Ah oui, l'échec est aussi une question de perception, mais ça c'est une toute autre histoire ;). Ici, je vous parle depuis vos propres objectifs et votre propre perception. 

Bref, l'échec, l'incertitude, la volonté de réussir sans aucune garantie de succès, tout cela fait partie de la vie. En fait, tout cela, est, la vie. Gardez à l'esprit que vous n'avez aucune certitude, et que c'est normal. Vous pouvez simplement faire de votre mieux, et c'est d'ailleurs la meilleure chose à faire.
Peut-être qu'à la fin de votre vie vous découvrirez que tout ce que vous avez fait depuis le départ était basé sur de faux calculs, et que, ayant pris connaissance d'informations qui vous échappaient jusque là, vous découvrirez que votre vie entière est un échec. Acceptez-le de bon cœur, vous aurez été au centre même de l'existence sans le savoir : incertitude, absence totale de garantie... Vous écrirez un livre optimiste : "Moi aussi, j'avais des certitudes" et deviendrez le gourou de l'échec admiré pour les siècles des siècles. 

Si vous voulez être en accord avec vos échecs, et vivre tout cela de manière zen, je pense qu'il est important de connaître votre histoire. Mon opinion est qu'il est plus difficile d'accueillir l'échec comme une source d'information prête à être exploitée si vous ignorez votre propre histoire. Il y a une raison à cela : pour comprendre qu'une stratégie est inappropriée, il faut déjà réaliser qu'elle puisse l'être, ce qui implique de comprendre qui l'on est et de quelle manière l'on s'inscrit collectivement dans l'histoire contemporaine, et l'histoire au sens du “Temps Long”. A mon sens une histoire individuelle s'inscrit aussi dans la trajectoire d'une lignée, d'un peuple, d'une civilisation. Peut-être vaut il mieux comprendre dans quel contexte l'on s'inscrit globalement pour saisir des dynamiques qui nous auraient sûrement échappé autrement ;). A chacun de voir selon ses propres valeurs et croyances. 

A bientôt !


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